Olivier, le globe-trotter qui, pourtant, revenait toujours à Limoges.

Olivier et une vache en Californie

Vous le savez, on n’aime pas trop les idées reçues et les jugements à l’emporte-pièce par ici. Alors quand on s’auto-prend en flagrant délit de pensée raccourcie, on se dit que Charité bien ordonnée commence par soi-même, ou un truc comme ça. Voici l’histoire. Olivier, ou plutôt @TortugaCrm, tweetait beaucoup et la particularité que nous avions remarquée c’est qu’à chaque tweet quasiment, il y avait une géolocalisation différente. Dans une même semaine, il tweetait depuis Munich, Los Angeles ou San Francisco, puis Londres, Orange, et enfin à chaque fois Limoges. Et donc on trouvait ce petit détail rigolo et on avait classé ce fidèle follower sous l’étiquette des blagueurs du Limousin. Et puis un jour Olivier nous a envoyé une vraie photo de lui en voyage. Et alors, là, toute la petite histoire qu’on s’était faite dans nos têtes (Olivier = le rigolo mytho de la géolocalisation) s’est écroulée et, telle une scène d’Amélie Veau, a pris des airs de moralité : ton prochain, sans connaître, tu ne préjugeras point. Oui, Olivier est Limougeaud. Et oui, Olivier travaille dans la Silicon Valley et all over the world. Alors, on s’est vite puni de dessert pour avoir pu penser impossible d’avoir ce genre de business traveller workaholic dans nos contrées perdues, et vous pensez bien qu’on n’allait pas rater une occasion de démontrer qu’à Limoges aussi on a du Cadre Sup International dernier cri. Surtout si en parcourant le monde à longueur de semaines, il choisit, oui, et c’est cela le plus beau, de revenir crécher (par choix, oui, et non par obligation), à… (et personne ne le force)… LIMOGES !

Alors, grand voyageur, dis-nous tout, qui es-tu ?

Je m’appelle Olivier, j’ai 46 ans, je suis marié et j’ai trois enfants. Et donc, oui, je voyage beaucoup.

…Dans le cadre de ton boulot donc, ça consiste en quoi ?

Je travaille pour un éditeur américain de CRM basé dans la Silicon Valley. Nous vendons une solution de gestion de la relation client pour permettre aux entreprises d’être plus performantes et de fidéliser leurs clients. Je dirige une équipe internationale, répartie entre l’Allemagne et la Roumanie, qui a la responsabilité de l’ensemble de nos environnements de démonstration et en plus nous apportons un soutien technique à nos partenaires. Je couvre donc 19 heures de fuseaux horaires de San Francisco à Auckland !

Ah oui, quand même.

La vérité, c’est que personne ne comprend rien à ce que je fais, mais ce n’est pas grave. Mes amis pensent que je pirate des sites djihadistes pour Anonymous, ma mère croit que j’assemble des ordinateurs, mes enfants pensent que je passe mes journées sur Facebook et Instagram…

Je connais ça…

Oui, mais toi, c’est vrai !

Oui, bon, passons. Et ça va, tu arrives à savoir où tu habites à la fin d’une semaine de boulot ?

Je me considère un peu comme un citoyen du monde, tout en restant Limousin. A force de voyager, les nationalités s’effacent, on vit tous sur la même planète !

Oui d’accord, mais enfin des gens qui bossent dans la Silicon Valley et qui achètent leur maison à Limoges, il n’y en a pas beaucoup !

Eh bien, c’est un tort, on vit très bien ici. Pour tout dire, je suis Parisien d’origine, je fréquente Limoges depuis 25 ans et j’y vis depuis 5 ans. Et je ne regrette pas une seconde. Nous sommes venus ici pour des raisons familiales, notamment pour pouvoir inscrire nos enfants en école Montessori. Ils sont aux Papillons, à Verneuil-Sur-Vienne. Je trouve qu’ici la qualité de vie est bien meilleure à tous les niveaux : nature, pollution, stress. C’est aussi très « rock », et ça me va bien, moi qui fait au moins un Iron Maiden par an. Et puis, on ne trouve pas assez les produits Les Fayes dans les supérettes parisiennes !

Fayot !

J’assume ! On ne boit que votre lait bio, et la crème fraîche est toujours sur la liste de courses. C’est important pour nous de soutenir les producteurs locaux. Et puis votre marketing est drôle et décalé, raison de plus de ne pas se priver de votre marque !

Olivier de Limoges en voyage à Liverpool

Vous noterez qu’Olivier a quand même l’idée de découper des packs de lait pour nous emmener avec lui. Si ça c’est pas une preuve d’amour…

Merci ! Et donc, pour revenir à ton boulot, tes boss et tes collègues du monde entier, tu les fais venir ici ?

C’est arrivé, et ils connaissent Limoges ! Les Anglais surtout, pour la réputation de notre porcelaine.

Tu dois te confronter à quelques clichés ?

Pas ceux auxquels on s’attend, genre le trio béret/camembert/baguette. Ils disent par contre beaucoup que les Français sont râleurs. Et ils ont raison.

Qu’est-ce qui te manque le plus quand tu es loin d’ici ?

Je suis amateur de bons vins, et rien ne peut tenir la comparaison avec le vin français. Sauf peut-être un Zinfandel de la Napa Valley. Et bien entendu, c’est ma famille qui me manque terriblement. Pas facile de parler à mes enfants sur Skype avec 9 heures de décalage.

Et à l’inverse, il y a bien deux-trois trucs qui te donnent envie de repartir quand tu atterris à Limoges ?

On n’a pas de Starbucks bouuuuuh ! Le parking de la place de la République sans cesse blindé, à cause des propriétaires de 4X4 qui se garent sur deux places pour éviter les rayures. Et puis, ce terme, « la Nouvelle Aquitaine », ce nom est un hold-up. Ou encore les gens qui disent chocolatine, ça doit être mon côté parisien, je ne m’y fais pas…

Et puis, c’est bon, tu peux le dire, passer de San Francisco à Limoges, ça doit être spécial quand même…

Oui et non. J’adore vivre aux USA : rouler au volant d’une voiture américaine sur les larges freeways en écoutant une radio rock vintage qui passe des tubes heavy métal des années 80 ou des classiques Motown, c’est magique. Mais le choc culturel n’est pas tant San Francisco-Limoges, mais plutôt USA-France. Beaucoup de services sont mieux pensés aux US : les loisirs, les magasins ouverts 7j/7, les hypermarchés bio Whole Foods Market, tout est orienté vers la satisfaction du client.

Il y a des coins du monde qui te font penser au Limousin ?

Certains restos proposent d’excellents plats d’inspiration française. J’ai mangé un très bon bœuf bourguignon en Roumanie à Cluj-Napoca par exemple. Pour les paysages, les parcs naturels de Californie du Nord offrent une végétation semblable à celle du Limousin, c’est déconcertant ! Il existe une quantité incroyable de parcs naturels où l’on croise des vaches sur les sentiers, comme à Ambazac ! Le truc vraiment hallucinant, c’est de courir au milieu des troupeaux de vaches (NDLR. La drogue c’est mal, ne l’oubliez pas). Une fois, une vache s’est montrée agressive mais par chance j’étais avec mon ami Catra Corbett qui a déployé ses talents de cow-girl pour repousser l’animal à grand renfort de cris et de gestes. (NDLR. Se reporter à la note précédente).

Olivier Limougeaud et Catra Corbett

Olivier et Catra Corbett, en Californie du Nord.

Catra Corbett, pour ceux qui ne connaissent pas, est une star de l’ultra running (sorte de running de l’extrême), connue pour son côté « non conventionnel » et inspirante pour moult raisons dans le milieu sportif mais pas que. Donc, tu cours, Olivier. Bravo, tu es le 1% de sportif du Limousin ?

N’importe quoi, c’est très sportif ici ! Je cours des distances « ultra » : j’ai à mon actif quelques courses de 100km, des 24 heures. Ma plus grande distance reste le Raid du Morbihan (180km) que j’ai couru plusieurs fois. (NDLR. Bis repetita).

Rassure-nous, malgré ton corps d’athlète, tu aimes la bonne pitance ?

Oui, plutôt deux fois qu’une. J’aime beaucoup les restos du coin. J’ai un souvenir ému d’une viande maturée, servie à la Table du Couvent, la meilleure viande que j’ai mangée de ma vie. J’adore aussi la Tanière des Combes, un resto de vrai terroir, tenu par un ami d’enfance, Alex, qui a travaillé chez Lenôtre et au Trianon.

Un plat de viande maturée à la table du couvent

Le fameux souvenir ému.

Limoges 2000 points – Étranger ZÉRO ! Dans tes voyages, tu as parfois dû croiser des cantines avec de belles casseroles ?

Il ne faut pas caricaturer non plus ! Mais je me souviens d’un plat : du gras de porc frit accompagné de rondelles d’oignons rouges crus dans un restaurant traditionnel en Roumanie. Au début tu ne sais pas trop quoi faire des oignons, mais tu te rends vite compte qu’ils sont garants de ta survie pour digérer ce plat. Ensuite, tu passes une belle après-midi à parler en face de tes collègues… Très agréable !

Foetus du canard, plat des Philippines

On n’a pas trouvé la photo du gras de porc frit, mais on vous met ça. Ce sont des foetus de canard qu’on mange tels quels aux Philippines. Bon appétit.. Source : http://hitek.fr/actualite/top-20-plat-horribles_4283

Well, no doubt your English is fluent, isn’t it ? On te laisse donc conclure avec ton meilleur jeu de mots en anglais !

OK, alors… Come on baby light my fayes ! Ou encore :

It's fun to stay at the Fayes-m-c-a !

Merci pour ce moment.

Retrouvez Olivier sur Twitter ici !

Vous pouvez aussi suivre le groupe de métal suédois Thundermother, un girl band, dont il assure le community management et en général, toute la com’ pour le plaisir. (Mais quand est-ce que dort cet homme ?)

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